Communiqué : Contre la loi séparatisme
Paris, le 7 avril 2021
Nous, asioféministes antiracistes des collectifs Fémin/Asie, PAAF, Pas ta Nyab, Sororasie et Spicy Devis, dénonçons les multiples amendements votés depuis ce 31 mars 2021 par le Sénat dans le cadre des débats sur la loi "séparatisme".
Nous rejoignons ce qui est dénoncé mais aussi défendu par les collectifs Mwasi, Nta Rajel ? ou Lallab à travers leurs communiqués respectifs. Nous soutenons et nous nous allions à leurs luttes.
Amendements votés depuis le 31 mars 2021 :
l'interdiction du port du voile pour les mères souhaitant accompagner lors des sorties scolaires
l'interdiction du port du voile pour les mineures dans les espaces publics
l'interdiction du burkini dans les piscines municipales et les espaces de baignade publics
l'interdiction des réunions en non mixité racisées, sous peine de dissolution des associations qui les mettent en place.
Les sénateurs vont jusqu'à prendre le temps de voter l'interdiction des drapeaux étrangers lors des mariages !! Personne n'est dupe, ce sont bien majoritairement les drapeaux algériens qui sont visés...
Une partie de nos adelphes asiatiques est musulmane et de ce fait la cible directe de ces attaques islamophobes en France.
Nous nous opposons donc aux attaques répétitives de l'Etat et des médias de communication et à ce climat délétère qui touchent tout particulièrement les communautés musulmanes françaises et les associations composées et dirigées par des femmes noires et/ou musulmanes.
Les accusations contre la supposée menace de la non-mixité racisée ciblent plus largement tous les collectifs comme les nôtres qui revendiquent leur autonomie et leur liberté de s'organiser pour tenir une parole politique qui dénonce l’islamophobie et le racisme systémique.
Cette série d’amendements votés par le Sénat s'inscrit dans le sillage d'un acharnement politique assumé notamment contre les travaux universitaires qui ne correspondent pas aux "valeurs républicaines".
L'utilisation des termes "décolonial", "racisé", et "intersectionnel" suscite plus d'émotions que le racisme structurel qui est dénoncé.
Les universitaires, journalistes, activistes et militant·es sont désormais muselé·es.
Depuis déjà des années plusieurs activistes antiracistes et particulièrement des femmes noires et musulmanes engagées politiquement dans le combat pour la justice sociale (Assa Traoré, Rokhaya Diallo...) sont les cibles d'un lynchage médiatique sur nos chaînes publiques. Nous constatons le deux poids, deux mesures puisque d’autres politiques ont formulé les mêmes critiques à l'égard de la République et n’ont pas reçu cet acharnement et ces violences médiatiques.
Cette fascisation du débat politique en France, ainsi que la brutalisation à l’égard de celleux qui osent le contester s’inscrit dans le cadre d’une campagne présidentielle qui promet une surenchère raciste s’opérant sur le dos des communautés racisées en général, et musulmanes et/ou noires en particulier.
Si la plupart de ces amendements ont toutes les chances d’être révoqués à l’Assemblée Nationale, puis s'il le faut au Conseil Constitutionnel, il n’en demeure pas moins qu’ils établissent de dangereux précédents qui détruisent progressivement l’idée même de la démocratie.
Ces débats reviennent constamment dans les espaces publics et médiatiques quelle que soit la couleur politique de celleux qui les portent. Ils viennent alourdir le bilan déjà atterrant d'une escalade raciste et islamophobe de l'Etat et qui prend ses racines dans son Histoire coloniale :
cérémonie de dévoilement public orchestrée à Alger en mai 1958 par les femmes des généraux Salan et Massu
rapports du Haut Conseil à l'Intégration dans les années 1980 comme point de départ des discussions sur l'islam dans les médias et le débat public
expulsion de trois jeunes femmes ayant refusé de retirer leur hijab dans un lycée à Creil en 1989 ("Affaire du foulard")
loi d’exclusion de 2004 ciblant les élèves portant le voile à l’école publique...
Face au silence assourdissant de la majorité des institutions et organisations, nous réitérons notre soutien indéfectible à nos adelphes et aux associations menacé·es par ce nouveau tournant totalitaire et nous refusons que l'on nous impose les conditions et les modalités de notre existence politique.
La mobilisation continue !
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